L’histoire des Boucholeurs
Le village
Origine du nom du village
Le mot « Bouchot » serait à l’origine utilisé pour décrire le mode de culture et d’élevage des moules. Selon la légende, Patrice Walton, un irlandais naufragé en baie de l’aiguillon en 1235 et cherchant à se nourrir en attrapant au vol des oiseaux de mer. Pour se faire, il avait planté de longs piquets sur l’estran pour accrocher ses filets. Il s’est vite rendu compte qu’il attrapait plus de coquillages sur les piquets que d’oiseaux dans les filets. Les moules se fixant naturellement sur les piquets par grosses grappes, Il a multiplié les piquets et commencé la culture. Le mot Irlandais désignant cette culture en alignement de pieux en bois aurait été « bout choat » qui par déformation devient bouchot en français. Une autre origine possible, le « bouchot » étant le nom patois d’une forme de piège immergé fait de filet et de pieux utiliser pour capturer l’anguille dans le marais poitevin. Ce mot peut dériver du mot « boucher » car il pouvait désigner la sortie d’une retenue d’eau. Les moules accrochées aux pieux sont fermes et délicieuses sans sable ni vase, sans comparaison avec celles que l’on peut ramasser sur l’estran.
C’est à la fin du 19 eme siècle sous l’impulsion de l’Abbé Guichard, curé de Thairé et de plusieurs de ses paroissiens que cette culture va se développer. L’endroit qui offrait les meilleurs conditions pour tester la culture des moules, en référence à Charron dans la baie de l’Aiguillon, c’est la baie d’Yves. C’est proche de Thairé la paroisse de l’Abbé Guichard et le littoral n’est que garennes, bois et étangs. La baie du Marouillet est la partie maritime du Pertuis d’Antioche protégé par l’ile d’Aix et la pointe de la fumée à Fouras. La situation est propice à l’élevage et à l’engraissement des moules. Ce travail dans la baie d’Esnandes était rentable et ne posait aucun problème de commercialisation, à La Rochelle il y avait déjà une forte demande. Le village de « huttes » ou cabanes va se construire en bordure du littoral entre la cabane des douaniers et peu après le canal. La vasière pour planter les pieux et créer les bouchots étant assez éloignée de la côte, l’emplacement de l’embarcadère à été choisi au plus prés. Les « huttes » se sont construites de chaque côté de l’évacuation du canal à la mer qui en était le point central. Un emplacement a été aménagé pour déposer les pieux en attente. Cet endroit deviendra le centre du village et le restera jusqu’à aujourd’hui, c’est la place André Hesse (député de la circonscription maritime de 1914 à 1919). De cette place on pouvait avec la charrette à cheval avancer sur le platin ferme pour approcher à marée basse la mer au plus prés. et de là transporter les pieux en barque pour aller les planter. Le village que l’on nommera « Les Boucholeurs » était né, en référence aux habitants dont le métier est de cultiver les moules dans les bouchots.
Les Boucholeurs, fin du 19eme siècle. Tableau de Marcel David
En 1903 nait officiellement le village des Boucholeurs. Le cadastre inscrit les propriétaires des premières parcelles de terrain
Le village
Les premières digues
Vis-à-vis de la submersion, la situation du village provient d’une implantation au niveau des marées d’équinoxes. Déjà en 1883, les lames passant par-dessus les falaises, les Boucholeurs sont autorisés à construire à leurs frais et risques et périls une digue en pieux plantée dans le sol du rivage sur toute l’étendue du village. Cette digue devra être entretenue par les intéressés. L’état et la commune d’Angoulins fourniront les traverses de chemin de fer pour construire cette protection. Afin d’éviter qu’a chaque grande marée ou tempête, les huttes ou cabanes soient défoncées et envahies par la mer. Cette digue sera refaite en 1910 toujours avec les mêmes matériaux, il faudra 300 traverses qui coutèrent 43 f le cent.
Pendant la nuit du 22 au 23 janvier 1890, la mer de secteur ouest est grosse au large avec des creux moyens de l’ordre de 8 mètres ; les effets dus aux vents semblent cohérents avec des rafales maximales de 120 km/h. Le village « de huttes » des Boucholeurs est à moitié détruit. La côte de la baie de Châtelaillon, sauf la partie préservée par la digue des propriétaires (récemment construite) a été entamée par la mer sur une largeur de 10 mètres. Au Marouillet, la mer a recouvert les terrains cultivés à une distance de plus d’un km, coupant la route de Rochefort. On reconnait l’urgence de consolider la pointe du vieux Châtelaillon, car si la mer agit avec tant de force dans la baie ; cela tient à la disparition de la longue pointe autrefois le Castel-Allon qui à été peu à peu rongée par les flots. La falaise s’écroule annuellement de deux mètres et de façon constante. Les travaux sont indéfiniment retardés par les prétentions contradictoires des ponts et chaussées et de l’administration des chemins de fer de l’état.
La jetée-abri : en 1896, deuxième demande de construire une jetée-abri soumise à une enquête d’utilité publique, devant le montant élevé, la dépense est jugée trop élevée pour les intérêts en cause ? Et pourtant les Boucholeurs avaient proposé de débancher eux-mêmes les moellons. Dans leur demande ils font valoir ; « que le nombre de bateaux à abriter est de 80, et que chaque année à la mauvaise saison, beaucoup éprouvent des avaries importantes et dispendieuses par suite du manque d’un lieu abri (jetée), presque tous les jeunes gens habitant le village sont inscrits maritimes et ils pourraient se livrer à la grande pêche si le port abri existait ».
Les Boucholeurs, fin du 19eme siècle. Tableau de Marcel David
La tempête dans la nuit du 8 et 9 janvier 1924 projette les bateaux à la côte et les galets dans les rues
L’histoire des Boucholeurs